• L’usage du vélo en forte expansion dans les grandes villes

    Un article paru dans Le Monde du 5 septembre 2020.

     

    Depuis la fin du confinement, le trafic sur les pistes cyclables a augmenté d’environ 29 % en France, de 67 % à Paris et de 26 % à Lille.

     

    Le vélo, Vincent Jeanbrun l’utilisait déjà de temps en temps, pour des sauts de puce, entre son domicile et son bureau. Mais, depuis le printemps, et surtout depuis la fin du confinement, le maire (ex-Les Républicains) de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) ne lâche plus le guidon. Y compris pour ses rendez-vous à Paris, à 13 kilomètres de sa mairie. « Entre les nouvelles pistes et la possibilité de tester le vélo électrique régional Véligo à 40 euros par mois, cela a presque constitué une révélation, confie-t-il. Soudain, mes a priori sur les trajets longs à vélo ont sauté. »

    Vincent Jeanbrun, 36 ans, n’est pas le seul à avoir essayé puis adopté le vélo pour se déplacer au quotidien. En quelques mois, la pratique cycliste dans toute la France a davantage progressé qu’en plusieurs années, en particulier en région parisienne. C’est ce que montrent les chiffres publiés mercredi 2 septembre par l’association de collectivités Vélo et territoires, en lien avec le ministère de la transition écologique et solidaire.

    Hausse en zone rurale et périurbaine

    Pendant le confinement, le trafic des vélos a plongé, comme celui de tous les transports. Mais, en mettant cette période très atypique entre parenthèses, la fréquentation des pistes cyclables au cours des huit premiers mois de l’année a bondi d’environ 29 % en France par rapport à la même période de 2019. Une évaluation effectuée en s’appuyant sur un échantillon national de 182 compteurs représentatifs.

    Le mouvement est sensible en zone rurale (+ 16 %) et en zone périurbaine (+ 17 %). Mais il se révèle surtout spectaculaire dans les villes, avec une hausse moyenne de 33 %. La progression, notable en début d’année, s’est fortement accentuée à la fin du confinement. A Paris, le nombre de passages enregistrés sur les pistes cyclables a ainsi grimpé de 67 % entre la sortie du confinement et la fin août par rapport à la période correspondante de 2019. L’augmentation est de 26 % dans la métropole de Lille, de 24 % à Lyon, de 23 % à Dunkerque.

    « En matière de vélo, l’offre crée la demande, constate Louis Belenfant, directeur du collectif Vélo Ile-de-France. Avec la crise sanitaire, les communes ont créé des pistes larges, sécurisées, connectées. Cela a changé la donne. D’un coup, beaucoup de gens se sont dit : “C’est jouable.” Et depuis ils continuent. »

    Ces derniers mois, tous les facteurs se sont conjugués en faveur du vélo. L’ouverture dans l’Hexagone de plus de 500 kilomètres de pistes provisoires, les fameuses « coronapistes », est arrivée au moment où une nouvelle génération de vélos électriques légers et maniables devenait disponible. A cela s’est ajoutée la peur de s’entasser de nouveau dans les transports en commun et d’y attraper le Covid-19. Sans oublier une météo estivale très favorable.

    Pour l’heure, cet essor ne se dément pas. Jeudi, le compteur installé boulevard Sébastopol, en plein cœur de Paris, a battu son record, avec 16 858 cyclistes recensés. Aux heures de pointe, il passe désormais plus de vélos que de voitures sur le « Sébasto », un des grands axes routiers historiques de la capitale.

    De nouvelles pistes annoncées

    « Cela va se poursuivre », prédit Louis Belenfant. Et pour cause. Les habitants s’équipent, au point que les boutiques de cycles peinent à répondre à la demande. Dans de nombreuses zones, comme à Paris et en petite couronne ou encore à Rennes, les cyclistes ont finalement été autorisés à pédaler sans masque. Enfin et surtout, le réseau continue de s’étendre. D’autant que, dans le cadre du plan de relance présenté jeudi par le gouvernement, les collectivités locales peuvent bénéficier de subventions pour leurs projets en faveur du vélo. Il y aura ainsi « 600 pistes cyclables en plus », a promis jeudi le ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari.

    Ici ou là, quelques « coronapistes » ont certes été abandonnées, comme celle de Val-de-Fontenay (Val-de-Marne). « Elle n’était pas intégrée à un vrai réseau, si bien qu’elle restait peu fréquentée, alors qu’il y avait des bouchons côté automobile », explique le collectif Vélo Ile-de-France. Même punition, même motif pour celle de l’avenue de la Résistance, à Laxou, au nord de Nancy.

    Mais, pour la grande majorité, les pistes établies en urgence au début de l’épidémie s’installent dans la durée, même si elles mordent sur l’espace auparavant réservé aux automobiles. C’est notamment le cas à Paris, où la majorité rose-vert réélue en juin assume sa volonté de réduire la place de la voiture dans la ville, avant tout pour lutter contre la pollution de l’air.

    « Nous avons déjà mis en service près de 45 kilomètres de coronapistes sur les 50 prévus, et cette politique volontariste est un succès », se félicite l’écologiste David Belliard, nouvel adjoint aux transports d’Anne Hidalgo. Une piste vient encore d’ouvrir rue de Vaugirard, dans le 15e arrondissement. Ce réseau déployé face à l’urgence sanitaire devrait a priori être pérennisé. « Nous avons encore besoin d’une clarification juridique du gouvernement pour le faire », précise David Belliard.

    Le sujet sera abordé lors des « Etats généraux du stationnement et de la mobilité » prévus à Paris fin octobre ou début novembre. Au programme également, la création d’un « code de la rue ». Pour que les cyclistes ne soient pas seuls à bénéficier de la nouvelle donne et que les piétons se sentent eux aussi en sécurité.


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